Le mystère des plantes magiques

Qu’elles soient réputées fées bienfaisantes ou sombres sorcières, les plantes magiques accompagnent les humains depuis la nuit des temps. Traversant l’époque préhistorique jusqu’à nos jours, elles sont toujours parmi nous, chargées d’inconnu et de mystères.

En sorcellerie, la magie blanche est un art qui invoque les bons anges, la magie noire invoque les démons dans le but de faire des choses surprenantes : merveilleuses pour la magie blanche, détestables pour la magie noire. Nous nous intéresserons plutôt au rôle des plantes dans une magie bienveillante.


Origine de la magie des plantes


Au début de la civilisation, la Genèse dit que Misraïm, parent de Nemrod, crée les peuples magiciens ou que Cham, fis de Noé, est à l’origine des magiciens d’Orient. Parmi les premières attestations décrites des pratiques magiques, figurent des tablettes sumériennes et des papyrus égyptiens. Les magiciens égyptiens étaient aussi des prêtres, des médecins et des astronomes. Magie et religion étaient étroitement liées.

Le philosophe néoplatonicien Jamblique a écrit que l’Egypte était la terre bénie des mystères et des révélations. Mais au cours des siècles, les traditions païennes ont été transposées par la religion et les premiers chrétiens avec Constantin désirent distinguer la bonne magie de la mauvaise. Paracelse, médecin et alchimiste suisse au XVème siècle, disait que le saint agit directement de Dieu tandis que le mage passe par l’intermédiaire de la nature.

Le moine Albert le Grand au XIIIème siècle explique que toute science est bonne en soi mais peut être mauvaise suivant l’utilisation qu’on en fait.

Pour l’utilisation des plantes dans la magie, ce qui les différencie de celles utilisées sous forme médicinale, c’est que le résultat découle d’un rituel qui fait appel à des forces invisibles grâce à des prières ou des incantations. Il ne s’agit pas là de guérison précise comme il est question principalement pour la plante mais de s’attirer des bienfaits ou des protections.

Ce sont généralement des plantes médicinales mais utilisées de façon magique comme c’était le cas à l’origine de l’Egypte où les prêtres magiciens étaient souvent des médecins. Pour cette médecine née dans les temples, les guérisons étaient considérées comme des miracles dus à la bienveillance des dieux. Les maladies provenaient d’une malédiction provoquée par les fautes du patient.

Pour l’homme primitif, tout était animé dans la nature par des êtres, soit bienveillants, soit malveillants, qu’ils appelaient des dieux ou des démons. Les herbes avaient un pouvoir par leurs vertus qu’on invoquait lors des prières et des rites.


Les notions de bien, de lumière et les forces bénéfiques ont toujours été liées aux dieux contrairement au mal, à l’ombre, aux forces maléfiques et souterraines qui étaient du domaine des démons. Les plantes ont été exploitées en magie dans ces deux domaines selon le but recherché. A la préhistoire, la persistance des feuillages était signe d’immortalité pour l’homme et plus tard, le nombre de feuilles ou de fleurs d’une plante évoquait le symbolisme des nombres sacrés. Par exemple, les feuilles trilobées du fraisier correspondent à la trinité et la quintefeuille symbolise les 5 éléments ou les 5 sens.

Les plantes sont régies tout comme les minéraux par des planètes, dominées par des déités, que l’on interprète par leurs couleurs, leurs formes et leurs parfums.

Aristote et les alchimistes ont esquissé la théorie des signatures en rapport avec les parties du corps humain, complétée par Paracelse, actualisée par Rudolf Steiner.


Croyances ancestrales


Selon les croyances ancestrales, les plantes peuvent être à la fois bienfaisantes ou malfaisantes selon leur usage. Souvent leurs racines apparaissent maléfiques car elles côtoient le monde sombre et souterrain qui appartient au royaume des démons et des morts. Elles symbolisent les pulsions et les vices de l’homme.

Les croyances demeurent aujourd’hui vivantes concernant la corrélation entre les plantes, qu’elles soient médicinales ou magiques, et les planètes.

D’ailleurs, depuis l’origine, la cueillette des plantes s’effectue en relation avec la position des astres, notamment la lune et le soleil, planètes qui influencent les signes du zodiaque.

Les quatre éléments, le feu, l’air, l’eau et la terre sont agissants dans ce processus.

Par exemple, le soleil, astre de feu, préside au signe du lion et est censé donner force et énergie vitale. Il régit les artères et le cœur et son point cardinal est le sud.

Il a été dit que les planètes agissent sur les plantes. Par exemple, le lilas ou la rose sont vénusiens, l’angélique et la pivoine appartiennent au soleil. Les plantes appartenant à la lune sont plus humides tels l’iris, le cresson, la mandragore.


La cueillette d’autrefois


En ce qui concerne la cueillette, les plantes dites solaires sont ramassées au solstice d’été et considérées comme positives. Elles ont capté les énergies de la lumière et portent en elles l’électromagnétisme parfait : le feu, l’air, l’eau.

Au solstice d’été, les fameuses « herbes de la Saint Jean » sont cueillies dès l’origine des fêtes païennes le 21 juin, date reportée au 24 juin par l’Eglise.

On leur prête de grands pouvoirs de force et guérison. Autrefois, elles devaient être cueillies avant le lever du soleil afin de conserver la précieuse rosée déposée sur leurs feuilles et leurs fleurs. Cette rosée ajoutait à la puissance de ces plantes solaires qui constituait une sorte d’eau de longue vie. Ces plantes avaient la réputation de chasser les démons et de faire perdre aux plantes vénéneuses leur pouvoir maléfique.

Par exemple, la chicorée devait être déterrée avec une pièce d’or, symbolisant le disque du soleil. Le gui était récolté la « Nuit Mère », le sixième jour de la lune qui suit le solstice d’hiver, avec une faucille repeinte en or car ce métal n’altère pas les vertus de la plante. Habillés de tuniques de lin blanc, les druides dans un linge le gui coupé sur le chêne. La plante ne devait pas toucher le sol sous peine de perdre son pouvoir.

Certaines plantes comme la digitale ou la verveine étaient cueillies de la main gauche ou bien à reculons afin de ne pas dérouter les démons et empêcher le mauvais sort.

Le plus souvent, la veille de la cueillette, il fallait délimiter la plante par un cercle tracé tout autour pour éviter que ne s’échappe l’esprit du végétal car les végétaux ont une âme.

En cueillant la plante, il fallait lui expliquer à quel usage elle était destinée et nommer ses vertus. Souvent, une offrande était déposée au pied de la plante que l’on venait de cueillir, gâteau, grain de céréales, pièce de monnaie, afin de remercier son esprit.

On choisissait les influences favorables selon le jour ou le signe zodiacal et il était bon au moment choisi de faire brûler des plantes correspondant au signe zodiacal du demandeur, afin que leur parfum s’ajoute aux influences voulues et que les plantes magiques au maximum de leur efficacité bénéficiaient à ce moment là de l’entière protection des planètes correspondantes.

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Les plantes et les dieux


De nombreuses plantes ou bien des arbres sont liées depuis l’origine aux Dieux.

L’aloès chez les égyptiens était symbole du renouveau de la vie lors des cérémonies funéraires. Le persea, plante toujours verte, était voué à Isis, symbole de l’adieu ou de l’espoir. Le buis fut consacré à Platon car il symbolise la vie qui continue sous terre et il reste toujours vert en hiver. L’iris, voué à Horus était l’emblème de la guérison.

Le gui, plante venue du ciel, était selon les druides un signe d’immortalité.

Le blé fut dédié en Egypte à Osiris, dieu de la résurrection, puis à Déméter, déesse de la fécondité. Le lin, censé éloigner le mal, a toujours servi à confectionner les habits des prêtres.

L’olivier, plante d’Isis, symbolise dans l’huile d’olive la force et la lumière.


Le pouvoir des plantes


Pour vous livrer quelques exemples du pouvoir des plantes, l’angélique, plante solaire de l’archange Raphaël, portée en collier, avait pour nos ancêtres le pouvoir de chasser les démons.

Dans la famille des chardons, la grande carline et la cardère sylvestre étaient clouées sur les portes des maisons pour repousser les esprits malveillants de leurs épines.

De même, le houx, toujours vert et robuste, était censé chasser les mauvais esprits.

Le gui, plante sacrée des druides, était suspendu aux portes des maisons pour éloigner les forces sombres ou utilisé sous forme d’eau lustrale afin de lutter contre les maléfices.

Les cendres de gui brûlé le jour de la Saint Sylvestre étaient mises dans des petits sachets et portés autour du cou en guide d’amulette.


Les chênes ont toujours été considérés comme protecteurs.

Dans la partie médicinale, des couronnes de fleurs ou de plantes étaient tressées : la rose odorante contre la pesanteur de la tête, le romarin pour la mémoire et les facultés intellectuelles, le gui contre la jaunisse. Par ailleurs le romarin était préconisé pour empêcher les cauchemars et éloigner les démons.

Le thym, brodé sur les écharpes des chevaliers lors des tournois, avait la prétention d’inspirer le courage. La bourrache était censée procurer courage et audace.

Le trèfle à 4 ou 5 feuilles a toujours eu la réputation de porter chance.

La fougère devait provoquer la renommée et la gloire : il était préconisé de la faire brûler avec de l’encens et du gui, ainsi les opportunités devaient se présenter pour améliorer l’existence.

Les feuilles de bouleau chauffées dans un four et placées dans le berceau d’un enfant étaient utilisées pour lui donner de la force.

Le parfum du safran avait la réputation de procurer un sommeil réparateur et d’agréables songes. Le sens olfactif a toujours été considéré important en magie et dans toute religion.

En Egypte, les dieux étaient honorés avec des senteurs.

Dans les anciens temps, la fumigation était aussi très pratiquée pour chasser les puissances maléfiques. L’odeur de la menthe était réputée pour éveiller l’esprit, celle de l’origan et de la marjolaine pour tonifier le cerveau et apporter la joie.


La disparition des magiciennes


Depuis le commencement des temps, les hommes ont su que la nature portait en elle les secrets de la vie et de la mort, de la guérison ou de l’empoisonnement. Les herbes ont ainsi constitué une base thérapeutique voilée de mystère. On connaissait déjà beaucoup d’espèces végétales dans l’Antiquité, notamment les plantes médicinales, à qui on attribuait des pouvoirs divins et des qualités magiques. Souvent plantes sacrées, elles étaient indispensables aux rites magiques et religieux associés aux différentes étapes de la vie. Elles purifiaient à la naissance, protégeaient lors du mariage, éloignaient et guidaient les morts dans l’au-delà. Souvent élaborés par des femmes, ces « remèdes à tous les maux » avaient le pouvoir de guérir ou d’envoûter. Les magiciennes de nos campagnes étaient alors qualifiées de sorcières. La divinité féminine de ces cueilleuses de plantes était la Déesse-Mère de l’agriculture, Déméter, célébrée par un culte grec dans les mystères d’Eleusis. Des milliers de ces femmes guérisseuses et magiciennes ont été exterminées sur les bûchers de l’ignorance et de la bêtise, emportant avec elles les secrets des plantes magiques.



Incantation trouvée sur le papyrus Ebers (1440 av. J.C.) à propos d’un remède à base de roseau :


« Que ce soit un dieu qui a agi, que ce soit un démon, qu’il soit conjuré, que le dieu délie ce qu’il a fait dans le mien intérieur du corps »


Hildegarde Bingen dans son Livre des subtilités préconise de dire au hêtre :

« Je coupe ta verdeur parce que tu purifies toutes les humeurs qui entraînent l’homme sur des chemins d’erreur et d’injustice, par le Verbe vivant qui a fait l’homme sans le regretter ».


Elle prie à la mandragore : « Mon Dieu, toi qui de l’argile a créé l’homme, considère que je place près de moi la même terre qui n’a pas encore péché, afin que ma chair criminelle obtienne cette paix qu’elle possédait tout d’abord. »

 

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