Le ginkgo biloba, l'arbre aux mille écus

Feuilles-ginko-vertes.jpg

Le Ginkgo Biloba est un arbre sacré d’Orient, un symbole de l'unité des opposés, d’invariabilité, jouissant d'une puissance miraculeuse, porteur d'espoir et d'un passé incommensurable, un symbole d'amour. 
En raison de toutes ses propriétés, il est associé à la longévité.
Des artistes ont été depuis longtemps inspirés par le charme esthétique du Ginkgo et de ses feuilles, par exemple Goethe lui a consacré une poésie :

La feuille de cet arbre
Qu'à mon jardin confia l 'Orient
Laisse entrevoir son sens secret
Au sage qui sait s'en saisir.

Serait-ce là un être unique
Qui de lui-même s’est déchiré ?
Ou bien deux qui se sont choisis
Et qui ne veulent être qu’un ?

Répondant à cette question
J’ai percé le sens de l’énigme
Ne sens-tu pas d’après mon chant
Que je suis un et pourtant deux ?

 


Depuis l'antiquité, cet arbre a été planté en Chine et au Japon dans les jardins des temples, également près des pagodes et des châteaux, en raison de la vénération qu'on lui portait, de la protection qu'il apportait contre le feu, de ses graines et de sa beauté.
Les vieux Ginkgos sont adorés comme un dieu au Japon.
Pour indiquer le caractère sacré de l'arbre un shimenawa (corde en paille de riz) est attaché autour de l'énorme tronc de l'arbre. Ceci est censé également éloigner les esprits mauvais.


La signification de son nom est la suivante :

Ginkgo :
Origine : Ginkyo, transcription en caractères latins d’un idéogramme chinois signifiant «abricot d’argent» - Yin-hsing : le Gin est la transcription japonaise du caractère chinois yin et Kyo, celle du caractère hing.

Biloba :
En 1771 Linné adjoignit biloba au nom Ginkgo, pour préciser que l’une des principales caractéristiques des feuilles était leur forme bilobée (ayant deux lobes), d’où Ginkgo biloba L.


Il est appelé également l’arbre aux mille écus en allusion à la pluie d’or des feuilles tombant en automne.


L’arbre et ses caractéristiques

Le Ginkgo peut atteindre 30 à 40 mètres de haut pour une taille d’environ 4 m. Quand il dispose d’un espace suffisant, près des temples asiatiques par exemple, il peut atteindre 50 m de haut pour une taille de plus de 10 m ! Le Ginkgo pousse en colonne aux branches peu nombreuses. Les jeunes arbres sont pyramidaux et élancés puis ils développent des branches régulières, transversales, ascendantes et asymétriques. Les sujets plus vieux ont une forme ovale ou droite et forment des branches parfois irrégulières – branches souvent gigantesques et troncs énormes. Quand l’arbre atteint environ 100 ans, sa ramure commence à s’ouvrir.

Le diamètre des arbres plus âgés peut devenir considérable en raison d’une croissance secondaire. L'arbre va produire des troncs secondaires verticaux (chichi basique).
Le Ginkgo produit également des excroissances (chichi = mamelles, racines aériennes) le long du tronc et des branches. Ces chichis peuvent rejoindre le sol, former des racines et donner naissance à de nouveaux troncs et de nouvelles branches. Cette caractéristique n’existe que chez le Ginkgo. Les chichi (en chinois: zhong ru) semblent être provoqués par des traumatismes, par la pression de l’environnement ou grâce aux propriétés individuelles d’un sujet particulier. On les voit sur de vieux arbres, mais également sur de plus jeunes sujets. On pense que le chichi, ajouté à la résistance aux maladies qui caractérise le Ginkgo, son adaptabilité et les différentes propriétés de l'arbre ont contribué à la longue histoire de la survie du Ginkgo. 
L'écorce est brun clair à gris brunâtre. Les arbres les plus vieux ont une écorce plus sombre et profondément craquelée, présentant  une texture semblable au liège.



La particularité du Ginkgo

Le Ginkgo est dioïque, les deux sexes ne coexistent pas sur le même arbre. Il est difficile de distinguer les chromosomes sexuels, de sorte que le sexe de l'arbre n'est pas facilement déterminé. Le pollen et les ovules se développent sur les branches courtes, très rarement sur la feuille. Après un été chaud ou s’il s’est développé dans un endroit chaud et ensoleillé l’arbre produit de façon régulière des ovules. L'arbre femelle produit une abondance d'ovules groupés par paires sur des tiges, chacun contenant une cellule œuf,  très verte au début mais se transformant en jaune-verdâtre virant vers  l'orange et le brun.

Ils ressemblent aux cerises. Il faut environ 20-35 ans avant qu'ils n’apparaissent pour la première fois au printemps. Les cônes  polliniques contenant les spermatozoïdes de l'arbre mâle se développent également sur de courtes pousses au printemps (également après environ 20-35 ans) et la pollinisation a lieu habituellement par l'intermédiaire du vent. Quand les ovules sont fertilisés ils se développent en graines jaunâtres,  d’environ 2.5 cm de long, se composant d'une grande "noix" (de la taille d'une amande) recouverte d’une couche externe charnue. La fertilisation réelle de la graine par le sperme libre se produit sur l'arbre.

La graine a un éclat argenté (abricot d’argent). En tombant sur le sol et en se désagrégeant, le tégument à maturité a une odeur 'désagréable'(comme celle du beurre rance) en raison de la présence de l'acide (butanoïque) butyrique, un sous-produit commun à beaucoup de plantes et d’animaux et peut être très sale, rendant les arbres femelles malheureusement moins populaires pour la plantation dans les zones piétonnières. Cette période ne dure pas longtemps cependant et beaucoup d’ennuis peuvent être évités en éliminant régulièrement les graines tombées etc... En Corée, Japon et Chine les arbres femelles sont préférés parce que l’on y  apprécie les noix! Pendant longtemps elles ont été utilisées en médecine chinoise pour l'asthme, la toux avec le flegme épais, la bronchite, comme aide à la digestion et contre l'incontinence urinaire etc.


La médecine par les feuilles

L'utilisation des feuilles en médecine est mentionnée pour la première fois dans le recueil chinois Shen Nung Pen Tsao Ching comme aide pour la circulation du sang et pour les poumons. Dian Nan Ben Cao (1436) mentionne l'utilisation des feuilles pour la peau, les blessures et les taches de rousseur. Elles sont également utilisées comme emplâtre.
L'utilisation interne est mentionnée pour la première fois dans le Ben Cao Pin Hui Jing Yao (1505 ) par Liu Wen-Tai comme traitement contre la diarrhée.
En 1932 le Japonais Furukawa a isolé pour la première fois les ginkgolides, qui ont été étudiés plus en détails pour leur structure chimique par Nakanishi en 1966. Vers la fin des années 50 la médecine occidentale a commencé à étudier ses utilisations médicinales. 
Les feuilles sont utilisées par les Chinois et les Japonais comme plante médicinale bien que les graines aient été utilisées plus couramment. Les feuilles sont encore utilisées dans la médecine chinoise, connue sous le nom de bai-guo-ye, pour traiter par exemple des problèmes respiratoires comme l'asthme, la bronchite et pour soigner les troubles de l'audition, la toux, la tuberculose, la circulation sanguine, la mémoire, la gonorrhée, les douleurs d'estomac, les maladies de peau, la leucorrhée, l’angine de poitrine, la dysenterie, l’hypertension et l’anxiété.
La feuille réduite en poudre est inhalée pour l'asthme, les oreilles, le nez et les affections de gorge comme la bronchite et la rhinite chronique. La feuille est également utilisée comme emplâtre.



Les graines ou "abricots d'argent"

Au 11ème siècle une poésie écrite par Onhang Xiu en Chine dit que "les noix sont comme des perles données à un invité très cher ". Les graines sont encore données (peinte en rouge : ‘Hsi-Huo’), rôties et sont dégustées aux mariages et à d'autres fêtes comme friandises, utilisées comme aide à la digestion et pour leur capacité à supprimer les effets du vin  et  aussi en cas de convalescence. Elles sont également utilisées comme tonique yangqui augmente l'énergie sexuelle. Les noix contiennent entre autres de l’acideginkgolique et du ginnol (qui inhibent certaines bactéries et infections dues à des moisissures. Dans la Médecine Traditionnelle Chinoise et au Japon, on considère depuis longtemps les graines de Ginkgo comme un astringent utile pour le cœur, les poumons, l'asthme, la bronchite, la toux, pour réguler la fréquence urinaire (vessie/rein), la diarrhée, la gonorrhée, les maladies de peau, la digestion, la fièvre, et d'autres maux encore. On dit que les graines cuites stabilisent la production du sperme, les graines crues pourraient avoir une action anticancéreuse et antivirale.
Les noix rôties ont été également offertes à l'empereur afin de l'honorer.

 
 Le goût est doux, synthèse entre celui des pommes de terre et celui des châtaignes cuites au four. Au Japon les noix sont servies mélangées avec une crème d’œufs appelée chawanmushi. Les noix fraîches (également celles en boîtes) sont disponibles au Japon et en Chine et sont vendues sur les marchés, en particulier en Orient où elles sont connues sous les noms Pa-Kewo , Pakgor ou ginnan etc.  ("les amandes d’argent" ou "les noix blanches") qui sont comestibles une fois cuites à l'eau ou au four, ou rôties. Elles contiennent seulement 3% de graisse, sont riches en niacine et sont une bonne source d'amidon et de protéines. Elles sont importées dans certains pays occidentaux et vendues  entre autres dans les épiceries chinoises et les supermarchés.

 

Le Ginkgo d’Hiroshima

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 6 août 1945, une bombe atomique a été lâchée sur Hiroshima par les Américains. Les plantes et les arbres dans la zone autour de l'épicentre ont été examinés en septembre 1945. Le Ginkgo situé près d'un temple à environ 1 kilomètre de l’épicentre semble avoir été  un arbre à bourgeonner après l’explosion, sans aucune déformation majeure (le temple lui-même a été détruit). Après la guerre le site du temple- dans Housenbou étant plus petit on a pensé à transplanter ou à abattre le Ginkgo pour reconstruire le temple. On a finalement décidé de le laisser là et de l’intégrer dans la reconstruction du temple, de sorte que le bâtiment principal a maintenant les escaliers de l’entrée divisés en une partie gauche et une partie droite, protégeant le Ginkgo à l'intérieur d’une forme en U. "No more Hiroshima" et les prières pour la paix des visiteurs y ont été gravées. 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :